Introduction
26 avril 2014
Ce contraste et ce lien de la guerre et de la paix a inspiré, en ces temps de commémoration, de nombreux contributeurs, qui nous parlent de Pat Barker, Jean Giraudoux, Ford Madox Ford ou Graham Swift. Nous faisons place également à la lecture de Infiniment à venir, recueil composé par Henri Meschonnic à la suite de sa visite du Mémorial de la Grande Guerre à Péronne. Nous évoquons les poètes de la Grande Guerre. Enfin, Syd Bolton nous a fait parvenir, nous priant de les traduire pour les commémorations à venir, en novembre 2014, des poèmes d’un combattant anglais, Francis Andrews, dont nous avons éprouvé beaucoup de plaisir à rendre en français la tendre sensibilité même si le sujet est grave. Ce retour sur des heures tragiques de notre histoire nous permet de réfléchir, pour l’avenir, sur les valeurs qui fondent le plus durablement une société : valeurs de vie ou triomphe de la mort ? Le questionnement s’éclaire d’autant plus que l’on prend le mot « paix » dans son sens le plus vigoureux, celui de plénitude, et non le seul contraire de l’état de guerre. Le conflit, d’ailleurs, n’abandonne guère le temps dit de paix, par le jeu des rivalités, des pouvoirs, des dénigrements et des frustrations. La vraie plénitude est une conquête, une sorte d’utopie, à porter et à partager sans emphase, là où ne descend pas l’ironie, comme le suggérait Rilke dans ses Lettres à un jeune poète, en 1903. [1]
[1] « Gagnez les profondeurs : l’ironie n’y descend pas. » R.M. Rilke, Lettres à un jeune poète (1903), in Oeuvres I, prose. Paris : Seuil, 1966, p. 320.