Romain Rolland
23 avril 2016
Centenaire d’Au-dessus de la mêlée de Romain Rolland : Regards sur un texte de combat. Sous la direction de Landry Charrier et Roland Roudil. Dijon : Editions universitaires, collection Sociétés, 2015.
Les regards qui célèbrent, à l’occasion du centenaire d’Au-dessus de la mêlée, cet ouvrage courageux et perspicace, sont multiples, selon le vœu des organisateurs du colloque d’octobre 2014, l’Association Romain Rolland en premier lieu. Landry Charrier et Roland Roudil notent, dans leur introduction, à quel point ce manifeste conféra à son auteur « une autorité morale telle qu’il fut considéré dès lors comme un point de ralliement privilégié pour les forces opposées aux contraintes mentales nées des cultures de guerre ». Jean-Christophe est d’abord envisagé par Bernard Duchatelet comme « prélude » à ce texte par la réflexion que le roman, durant sa composition, induisit. Gilbert Merlio contraste le point de vue des intellectuels en France et en Allemagne. Roland Roudil, au-delà du « manifeste pacifiste », voit une « exploration de soi ». Marina Ortrud Hertrampf envisage les réactions, en France, à cet appel. Hans T. Siepe étudie le rapport entre le Journal de Vézelay et le manifeste de 1915, ce qui clôt la première partie, « Histoire et réception ». Nous envisageons ensuite « Postérité et résonances d’une formule ». Nancy Sloan Goldberg décrit la réception poétique en France ; Céline Grenaud-Tostain analyse l’élévation rollandienne, jusqu’à la lutte avec l’ange. Yves Jeanneret considère la formule elle-même : au-dessus de la mêlée. Dans la dernière partie, « Un texte carrefour : connexions et réseaux », Guillaume de Syon s’intéresse à Albert Einstein, lui aussi pacifiste ; Gwenaële Vincent-Böhmer met en relief le caractère européen de ce manifeste ; Alexandre Elsig se tourne vers la Suisse romande et Pauline Breton évoque Georges Duhamel, dont elle est spécialiste.
Je conclurai cette brève recension en citant Romain Rolland, dont nombre de réflexions peuvent encore être méditées de nos jours : « Les hommes ont inventé le destin, afin de lui attribuer les désordres de l’univers, qu’ils ont pour devoir de gouverner. Point de fatalité ! La fatalité, c’est ce que nous voulons. Et c’est aussi, plus souvent, ce que nous ne voulons pas assez. »