Poésie : Pierre Cendors
29 septembre 2007
Assis
dans le mouvement métropolitain
je traverse des banlieues
réflexives je quitte la ville
son déracinement visuel
déjà
les grandes largeurs
maritimes
éclairent une fatigue
intérieure
premier signe
d’un dénuement
lent façonné
devant l’origine
* *
Survient l’instant où
chaque geste
devient de sable où
la conscience
s’enlise dans sa
nudité murale
le souffle
dans son enfouissement
terreux
Survient l’instant où
il faut se lever et
partir
dans le vent la mer
écouter
le chant runique du
vide
* *
Voici l’essor d’une force secrète
devenue orme chêne
frêne ou hêtre
et au bord du ravin
cet élan convulsé
des racines s’arc-boutant
sur la pierre séchée
hors de terre
phénix souterrain
vivifiance déployée
dans l’envergure du sang
* *
Suivre l’errance éveillée
du vent aller
entre les arbres
noirs d’hiver quitter
les lieux d’identification
rejoindre
seul
le silence mental
des oiseaux
en vol serré
au-dessus de l’immensité
* *
Montagne rivières étroites
nulle errance ici
dans la fonte des lumières
l’œil saille
dépeuplé par les vents
* *
D’anciennes forces
en terre profonde
déferlent
sa grève
lueur atlantique
du regard
* *
En ce pays sans chemins
seul s’aventure
l’exilé l’affamé
en quête d’un pas
premier
qui en l’homme dépasse
l’homme
peu viennent ici
* *
Longs les hivers
chaque pas gagné coûte
on s’embourbe dans une marche
sans lumière on croit terminée
la dérive à peine commencée
plus lourde la motte
qui au pas attache
un pas supplémentaire
* *
A chaque effort
monte dans la voix
ce gisement lourd d’une plainte
qui se noue se dessaisit
renonce puis se tait
meurt aussi le silence
qui nous laisse inhabité
* *
Attendre
sans céder à l’impatience
de l’attente
attendre
sans attente
* *
l’attente est encore
exclusion de cet instant
où palpite un monde
vivier d’énergies vives
paroles brassées de vie
portées des abysses
hissées décuplées
jusqu’au clos blond de la grève
* *
Cheminant
en terre du vide
seul avec le seul
immobile dans le vif
* *
Même au plus fort
du doute quand vivre
me maintiens prisonnier
pierre soudée à la muraille
d’invisibles échappées
des sentiers de lueurs
fissurent l’obscurité
pourvu que je ne te résiste
vie
rien n’arrête ton avancée
* *
De chaque pierre redressée
naît le silence
chaque dalle soulevée
chaque sous-sol excavée
libère le lieu d’existence
sous la patiente extraction
apparaissent les fondations
où corps et regard se rejoignent
comme glaise pétrie à la source
qui jaillit
* *