Jane Augustine, poèmes
22 avril 2011
(Extraits)
par Jane Augustine
VI.
Stone Water-Trough al a Crossroads in Provence
Between Venasque and Saint-Didier
fresh water drips continually
into a basin that overflows
into a lavoire beyond the pillar.
Off of rough slopes, breezes
from vineyards with ripening grapes
ruffle the plane trees’ leaves.
Cool of oncoming autumn.
Rocks are loosening in the slopes
ready to fall into crumbling gullies
<blockquoteamong banks of drying golden stubble,
<blockquote<blockquote
weeds and live oak.
It is 1950 in the Napa valley
at Stonehouse where my mother gardens
in overalls, her long hair
tied with a shoestring, and my father
sits at the picnic table
reading The San Francisco Chronicle
Bells of Saint-Didier sound from
Mont La Salle, the monastery’s
blue-tiled tower above the trellised grapevines
of the Christian Brothers,
from whom – my father smiles – we get
our water and our wine.
VII.
In Provence, Near Venasyue : Le Beaucet
After a dusk climb
to the ramparts
of a ruined castle,
sad Catalan music
on a guitar
half-badly played
before the altar
of a little church
under repair –
old paintings stackedunder dusty sheetslean crookedly,1bug-killer sprayedfor concertgoers’ benefitstings the eyes,a missed note or fouron a dead string –At intermissionon the shadowed parapetthe guitarist smokes, shaking.
The battlement’s rubble settles deeper.
Young volunteers, they say,
are fixing the church.
Art is a skewed composure
of what isn’t yet mastered,
a dismembered past,
disarrangement.
Tarnished gilt on a nameless statue : let it stay.
VIII.
Ghazal at a Rainy Window. 2 p.m.
(Rabastens, near Toulousc)
Gray-black clouds move north, shift south
over the cathedral and the cemetery.
The baby can’t stop his temper tantrum.
Parents’ feet pass up and down the hall.
French flag flies above the Occitanian
crusaders’ cross, gold on red,
a heart-struggle still after eight centuries.
Une ,guerre d’annexation, king and pope
joined their powers against independence
of spirit. Esprit equals “mind” in French.
But in Tibetan, mind lives in the heart center.
It thinks before words. A nephew plays
with his uncle in the garden where trees
still drip heavy with rain. Sun arrives,
temporary, maybe. It’s dawn in Minnesota
where a daughter-in-law starts chemotherapy
Which power is winning, hope or history ?
Roses bloom for no reason. Appreciate !
Appreciate ! Here comes another raw buzz of rain
winch means take an umbrella while travelling.
And it’s nearly time to go – the child
to his nap, the cancer-ridden girl to her doctor,
and I to what, under what flag of lost causes
in a country thick with mosses, aged trees,
fields of weed where swallows nest in stones
from chateaux fallen in the fifteenth century ?
IX
In the Dark Garden – 10:30 p.m.
We sit under acacias’ feather leaves
after a passing storm. Crickets creak
in far fields a language both French
and English. Open shutters bring
cool into small bedrooms beneath
whose windowsills sleep hydrangeas
and begonias. One cry from the
child’s crib ; he turns over, sleeps again.
Another child to come next spring.
Overhead the quiet stars.
X
Une Américaine à Paris
World of another language –
is it so unlike the American,
so word-made ?
Narrower sidewalks, cleaning men
in green uniforms with green brooms,
odd light switches,
water-heaters no longer multiply
the differences. Street-noise the same.
A mother in the park
bawls out the bigger boys who push
the littler. Sunlight. The faces stare.
Paris doesn’t make
all Parisians happy, either.
The well-coifed sun-bronzed woman
in sunflower gold linen,
shoes to match, looks off into air
as she passes. At home, backs to each other,
my daughter and I sit reading.v
Larousse by me slowly aids
decoding of Libération but doesn’t helpbreak down the wall betweenthought and speech. But thought too
fails. Voices in the street – I can’t hearnor catch the tone –fear, pleasure ? – to which I want
to respond. Plein air alone,what words make the transformation ?XI
.
The Louvre : Egyptian Antiquities
Early morning. No one around the ground-floor tomb,
the mastaba of a man of means, a stonewalled room,
thus I’m alone as he was at the house of death when troops
of women singlefile with slim white-draped hips brought fruits
of every kind – dates, figs – vegetables, grains to sooth
his life-hunger, and men lined up to bring him each a goose,
a hare, a fish, for death could not be very different.
They made known
the way into the unknown eternal by carving it in lasting stone.The seated scribe, androgyne, sees into some far space.
He has high cheekbones, a straight spine. A scroll
lies across his lap. The words to come are essential. Wait.
Hieroglyphs dictated to the carver give testimonial
that the dead aren’t so, entirely.
What then to leave in place
for those whose desert tombs arc rubble, utterly effaced ?Fenêtres, en France
(Extraits)
Traduction d’Anne Mounic
VI.
Abreuvoir de Pierre à la croisée des chemins, en ProvenceEntre Venasque et Saint-Didier
l’eau fraîche ne cesse de goutter
dans un bassin qui irrigue
un lavoir derrière le pilier.Sous les brises, qui viennent des pentes abruptes
couvertes de vignes aux raisins presque à point,
bruissent les feuilles des platanes.
Fraîcheur de l’automne approchant.Quelques rocs erratiques sur les coteaux
s’apprêtent à tomber dans des ravines caillouteuses
entre les talus de chaume doré en train de sécher,
d’herbes sauvages et de chênes vigoureux.Nous voici en 1950 dans la vallée du Napa
à Stonehouse, où ma mère, en salopette,
jardine, ses longs cheveux
liés avec un lacet, et mon pèreassis à la table du pique-nique
lit la Chronique de San Francisco –
Les cloches de Saint-Didier sonnent
à Mont-la-Salle, la tourau toit d’ardoise du monastère des Frères chrétiens
qui surplombe le treillis des ceps de vigne ;
c’est là – mon père sourit – que nous prenons
notre eau et notre vin.VII.
En Provence, près de Venasque : Le BeaucetAprès l’ascension au crépuscule
jusqu’aux remparts
d’un château fort, en ruinesmusique triste de Catalogne
sur la guitare
presque mal jouéedevant l’autel
d’une petite église
que l’on restaure –d’anciennes peintures empilées
sous des draps poussiéreux
penchent, de travers,l’insecticide vaporisé
pour le bien-être des mélomanes
pique les yeux,il manque une note ou quatre
sur une corde sans résonance –A l’entracte
sur le parapet, dans l’ombre,
fume le guitariste, qui tremble.Les gravats derrière les créneaux s’entassent.
De jeunes volontaires, dit-on,
remettent l’église en état.L’art est l’équilibre instable
de ce qu’on ne maîtrise pas encore,
passé démembré,
déstructuration.Or terni sur une statue sans nom : qu’il demeure.
VIII.
Ghazal à la fenêtre – il pleut. Deux heures de l’après-midi.(Rabastens, près de Toulouse)
Des nuages gris noirs, dans la direction du nord, puis du sud,
passent au-dessus de la cathédrale et du cimetière.Le bébé ne peut renoncer à son caprice.
Dans le vestibule on entend aller et venir les parents.Drapeau français par-dessus la croix
occitane des croisades, or sur fond rouge,querelle encore vive même au bout de huit siècles.
Une guerre d’annexion, roi et papese liguèrent contre l’indépendance
d’esprit. L’esprit recouvre l’intelligence en français.Mais en tibétain, l’esprit vit au centre du cœur.
Il pense avant les mots. Un enfant joueavec son oncle dans le jardin où les arbres
gouttent encore abondamment après la pluie. Voici le soleil,éphémère, peut-être. L’aube point dans le Minnesota
où l’une de mes belles-filles entame une chimiothérapieQui a le dessus, l’espérance ou l’histoire ?
Les roses fleurissent sans raison. Appréciez-le !
Appréciez-les ! Voici une nouvelle rafale de pluiece qui implique d’emporter en voyage un parapluie.
Et il est presque temps de partir – l’enfantau lit pour la sieste, la femme souffrant du cancer chez le docteur,
et moi, où vais-je, sous le drapeau de quelle cause perduedans un pays où la mousse est épaisse, les arbres ancestraux,
où, dans les prés, les hirondelles font leur nid dans les pierresissues des ruines des châteaux du quinzième siècle ?
IX.
Dans le sombre jardin – dix heures et demie du soirNous nous asseyons sous les feuilles plumes des acacias
après le passage de l’orage. Les grillons grésillent
dans les champs au lointain en une langue qui tient à la fois
du français et de l’anglais. Les persiennes ouvertes
font entrer le frais dans les petites chambres. Sous l’appui
des fenêtres sommeillent les hortensias
et les bégonias. On entend un cri ;
c’est l’enfant dans son berceau ; il se retourne, dort à nouveau.Un autre enfant doit naître au printemps.
Par-dessus nos têtes, la tranquillité des étoiles.X.
Une Américaine à ParisMonde d’une autre langue –
est-elle si différente de l’américain,
tant elle repose sur les mots ?Les trottoirs moins larges, les balayeurs
en uniforme vert, munis de balais du même vert,
les drôles d’interrupteurs,les chauffe-eaux n’offrent plus une kyrielle
de différences. Même bruit dans la rue.
Une mère de famille dans le parcinvective les grands garçons qui poussent
les plus petits. Soleil. Les visages se perdent dans le vague.
Paris ne rend pas non plusheureux tous les Parisiens.
Cette femme au beau chapeau, au teint hâlé,
vêtue de l’or des tournesols,souliers assortis, détourne le regard en l’air
quand elle passe. Chez nous, nous retrouvant,
ma fille et moi lisons.Le Larousse près de moi m’assiste en ma lenteur
dans le décodage de Libération, mais ne m’aide pas
à briser le mur qui séparela pensée de la parole. La pensée toutefois
se dérobe également. Des voix dans la rue – je n’en entends
ni n’en saisis le ton –peur, plaisir ? Je voudrais leur
répondre. Rien que le plein air,
quels sont les mots qui opèrent la métamorphose ?resh water drips continually
into a basin that overflows
into a lavoire beyond the pillar.Off of rough slopes, breezes
from vineyards with ripening grapes
ruffle the plane trees’ leaves.
Cool of oncoming autumn.Rocks are loosening in the slopes
ready to fall into crumbling gullies
among banks of drying golden stubble,
weeds and live oak.It is 1950 in the Napa valley
at Stonehouse where my mother gardens
in overalls, her long hair
tied with a shoestring, and my fathersits at the picnic table
reading The San Francisco Chronicle
Bells of Saint-Didier sound from
Mont La Salle, the monastery’sblue-tiled tower above the trellised grapevines
of the Christian Brothers,
from whom – my father smiles – we get
our water and our wine.
VII.
In Provence, Near Venasyue : Le Beaucet
After a dusk climb
to the ramparts
of a ruined castle,sad Catalan music
on a guitar
half-badly playedbefore the altar
of a little church
under repair –old paintings stacked
under dusty sheets
lean crookedly,
1
bug-killer sprayed
for concertgoers’ benefit
stings the eyes,a missed note or four
on a dead string –At intermission
on the shadowed parapet
the guitarist smokes, shaking.The battlement’s rubble settles deeper.
Young volunteers, they say,
are fixing the church.Art is a skewed composure
of what isn’t yet mastered,
a dismembered past,
disarrangement.Tarnished gilt on a nameless statue : let it stay.
VIII.
Ghazal at a Rainy Window. 2 p.m.
(Rabastens, near Toulousc)Gray-black clouds move north, shift south
over the cathedral and the cemetery.The baby can’t stop his temper tantrum.
Parents’ feet pass up and down the hall.French flag flies above the Occitanian
crusaders’ cross, gold on red,a heart-struggle still after eight centuries.
Une ,guerre d’annexation, king and popejoined their powers against independence
of spirit. Esprit equals “mind” in French.But in Tibetan, mind lives in the heart center.
It thinks before words. A nephew playswith his uncle in the garden where trees
still drip heavy with rain. Sun arrives,temporary, maybe. It’s dawn in Minnesota
where a daughter-in-law starts chemotherapyWhich power is winning, hope or history ?
Roses bloom for no reason. Appreciate !
Appreciate ! Here comes another raw buzz of rainwinch means take an umbrella while travelling.
And it’s nearly time to go – the childto his nap, the cancer-ridden girl to her doctor,
and I to what, under what flag of lost causesin a country thick with mosses, aged trees,
fields of weed where swallows nest in stonesfrom chateaux fallen in the fifteenth century ?
lIX
In the Dark Garden – 10:30 p.m.
We sit under acacias’ feather leaves
after a passing storm. Crickets creak
in far fields a language both French
and English. Open shutters bring
cool into small bedrooms beneath
whose windowsills sleep hydrangeas
and begonias. One cry from the
child’s crib ; he turns over, sleeps again.Another child to come next spring.
Overhead the quiet stars.X
Une Américaine à Paris
World of another language –
is it so unlike the American,
so word-made ?Narrower sidewalks, cleaning men
in green uniforms with green brooms,
odd light switches,water-heaters no longer multiply
the differences. Street-noise the same.
A mother in the parkbawls out the bigger boys who push
the littler. Sunlight. The faces stare.
Paris doesn’t makeall Parisians happy, either.
The well-coifed sun-bronzed woman
in sunflower gold linen,shoes to match, looks off into air
as she passes. At home, backs to each other,
my daughter and I sit reading.Larousse by me slowly aids
decoding of Libération but doesn’t help
break down the wall betweenthought and speech. But thought too
fails. Voices in the street – I can’t hear
nor catch the tone –fear, pleasure ? – to which I want
to respond. Plein air alone,
what words make the transformation ?XI
.
The Louvre : Egyptian Antiquities
Early morning. No one around the ground-floor tomb,
the mastaba of a man of means, a stonewalled room,
thus I’m alone as he was at the house of death when troops
of women singlefile with slim white-draped hips brought fruits
of every kind – dates, figs – vegetables, grains to sooth
his life-hunger, and men lined up to bring him each a goose,
a hare, a fish, for death could not be very different.
They made known
the way into the unknown eternal by carving it in lasting stone.The seated scribe, androgyne, sees into some far space.
He has high cheekbones, a straight spine. A scroll
lies across his lap. The words to come are essential. Wait.
Hieroglyphs dictated to the carver give testimonial
that the dead aren’t so, entirely.
What then to leave in place
for those whose desert tombs arc rubble, utterly effaced ?Fenêtres, en France
(Extraits)
VI.
Abreuvoir de Pierre à la croisée des chemins, en ProvenceEntre Venasque et Saint-Didier
l’eau fraîche ne cesse de goutter
dans un bassin qui irrigue
un lavoir derrière le pilier.Sous les brises, qui viennent des pentes abruptes
couvertes de vignes aux raisins presque à point,
bruissent les feuilles des platanes.
Fraîcheur de l’automne approchant.Quelques rocs erratiques sur les coteaux
s’apprêtent à tomber dans des ravines caillouteuses
entre les talus de chaume doré en train de sécher,
d’herbes sauvages et de chênes vigoureux.Nous voici en 1950 dans la vallée du Napa
à Stonehouse, où ma mère, en salopette,
jardine, ses longs cheveux
liés avec un lacet, et mon pèreassis à la table du pique-nique
lit la Chronique de San Francisco –
Les cloches de Saint-Didier sonnent
à Mont-la-Salle, la tourau toit d’ardoise du monastère des Frères chrétiens
qui surplombe le treillis des ceps de vigne ;
c’est là – mon père sourit – que nous prenons
notre eau et notre vin.
VII.
En Provence, près de Venasque : Le BeaucetAprès l’ascension au crépuscule
jusqu’aux remparts
d’un château fort, en ruinesmusique triste de Catalogne
sur la guitare
presque mal jouéedevant l’autel
d’une petite église
que l’on restaure –d’anciennes peintures empilées
sous des draps poussiéreux
penchent, de travers,l’insecticide vaporisé
pour le bien-être des mélomanes
pique les yeux,il manque une note ou quatre
sur une corde sans résonance –A l’entracte
sur le parapet, dans l’ombre,
fume le guitariste, qui tremble.Les gravats derrière les créneaux s’entassent.
De jeunes volontaires, dit-on,
remettent l’église en état.L’art est l’équilibre instable
de ce qu’on ne maîtrise pas encore,
passé démembré,
déstructuration.Or terni sur une statue sans nom : qu’il demeure.
VIII.
Ghazal à la fenêtre – il pleut. Deux heures de l’après-midi.(Rabastens, près de Toulouse)
Des nuages gris noirs, dans la direction du nord, puis du sud,
passent au-dessus de la cathédrale et du cimetière.Le bébé ne peut renoncer à son caprice.
Dans le vestibule on entend aller et venir les parents.Drapeau français par-dessus la croix
occitane des croisades, or sur fond rouge,querelle encore vive même au bout de huit siècles.
Une guerre d’annexion, roi et papese liguèrent contre l’indépendance
d’esprit. L’esprit recouvre l’intelligence en français.Mais en tibétain, l’esprit vit au centre du cœur.
Il pense avant les mots. Un enfant joueavec son oncle dans le jardin où les arbres
gouttent encore abondamment après la pluie. Voici le soleil,éphémère, peut-être. L’aube point dans le Minnesota
où l’une de mes belles-filles entame une chimiothérapieQui a le dessus, l’espérance ou l’histoire ?
Les roses fleurissent sans raison. Appréciez-le !
Appréciez-les ! Voici une nouvelle rafale de pluiece qui implique d’emporter en voyage un parapluie.
Et il est presque temps de partir – l’enfantau lit pour la sieste, la femme souffrant du cancer chez le docteur,
et moi, où vais-je, sous le drapeau de quelle cause perduedans un pays où la mousse est épaisse, les arbres ancestraux,
où, dans les prés, les hirondelles font leur nid dans les pierresissues des ruines des châteaux du quinzième siècle ?
IX.
Dans le sombre jardin – dix heures et demie du soirNous nous asseyons sous les feuilles plumes des acacias
après le passage de l’orage. Les grillons grésillent
dans les champs au lointain en une langue qui tient à la fois
du français et de l’anglais. Les persiennes ouvertes
font entrer le frais dans les petites chambres. Sous l’appui
des fenêtres sommeillent les hortensias
et les bégonias. On entend un cri ;
c’est l’enfant dans son berceau ; il se retourne, dort à nouveau.Un autre enfant doit naître au printemps.
Par-dessus nos têtes, la tranquillité des étoiles.X.
Une Américaine à ParisMonde d’une autre langue –
est-elle si différente de l’américain,
tant elle repose sur les mots ?Les trottoirs moins larges, les balayeurs
en uniforme vert, munis de balais du même vert,
les drôles d’interrupteurs,les chauffe-eaux n’offrent plus une kyrielle
de différences. Même bruit dans la rue.
Une mère de famille dans le parcinvective les grands garçons qui poussent
les plus petits. Soleil. Les visages se perdent dans le vague.
Paris ne rend pas non plusheureux tous les Parisiens.
Cette femme au beau chapeau, au teint hâlé,
vêtue de l’or des tournesols,souliers assortis, détourne le regard en l’air
quand elle passe. Chez nous, nous retrouvant,
ma fille et moi lisons.Le Larousse près de moi m’assiste en ma lenteur
dans le décodage de Libération, mais ne m’aide pas
à briser le mur qui séparela pensée de la parole. La pensée toutefois
se dérobe également. Des voix dans la rue – je n’en entends
ni n’en saisis le ton –peur, plaisir ? Je voudrais leur
répondre. Rien que le plein air,
quels sont les mots qui opèrent la métamorphose ?