Noi che eravamo profeti
I corpi che amavamo li amiamo
anche nella assoluta magrezza,
la magrezza un affronto alla madre ;
non avere il peso,
solo presenza destituita
di giurisprudenza, pesare meno
della caratura dell’uccello
che trasvolta in stormi fedeli.
Il cuore si svergina
nell’oltrepassare quella soglia.
Essere sordi allo scrosciare d’acque,
una sensibilità sempre scoperta
anche quando ce ne siamo andati
da celle rozze tra estranei,
noi che eravamo profeti di natura.
Il gigante stringe a sé due uova
e poi due pulcini, scorre giù
per le clavicole sporgenti
magma di sangue e materia,
nel freddo sottozero ;
la vescica si coagula in pietrine,
negata la libertà di morire
passando dal tempio, il padre nudo
davanti alla figlia, maledizione
per noi, padre figlia, figlio madre,
messa a verbale una vita intera
nello svanire di lievi lievi pesi
nel freddo tempo.
Il poema incessante, Testuale, 2007.
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Nous qui étions prophètes
Les corps que nous aimions nous les aimons
aussi dans leur maigreur absolue,
cette maigreur qui insulte la mère ;
ne pas avoir de poids,
sinon celui d’une présence destituée
de jurisprudence, peser moins
que le squelette des oiseaux
qui survolent en flopées soudées.
Le cœur se déflore
au-delà de ce seuil.
Être sourd au grondement des eaux,
une sensibilité toujours à fleur de peau,
même quand nous avons quitté
les cellules grossières, sommes devenus étrangers,
nous qui, par nature, étions des prophètes.
Le géant broie deux œufs
puis deux poussins,
les clavicules transpercent,
magma de sang et de matière.
Dans le gel, la vessie durcit,
silex,
est niée la liberté
de mourir.
Passant par le temple, le père nu
sous les yeux de sa fille, malédiction
pour nous, père fille, fils mère,
mise en mots, une vie entière,
dans le décharnement des corps si légers
dans le froid.
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